C’était le début de la mode des jeans déchirés qui coûtaient plus chers que les jeans « normaux ». Comme nous étions trop pauvres avec mes frères mais que nous voulions quand même être cools à l’école, nous déchirions nous-mêmes nos pantalons sur le chemin.
Soit en sautant et glissant sur les genoux, soit en les enlevant pour les frotter contre le béton (nous étions alors en slip en plein milieu de la rue), soit en tailladant dedans avec nos ciseaux d’écolier (parfois on se coupait les genoux).
Et le soir, nous racontions à notre mère une bagarre ou un accident pour expliquer les trous et les déchirures. Impossible de dire si elle nous croyait mais comme on n’avait pas d’argent pour en racheter d’autres, on était trop contents de pouvoir avec des jeans comme les copains.
Le problème c’était quand elle les reprisait et les renforçait avec un bout de cuir ou un morceau de tissu et qu’il fallait tout recommencer.